WIEDMANN
Eugène Wiedmann entre en France sous une fausse identité
en 1937. Il commet six assassinats, dont celui de la danseuse
américaine Jean de Koven qui fût sa première
victime. Wiedmann fût arrêté dans sa maison
La Voulzy, à la Celle Saint Cloud et guillotiné
à Versailles le 17 Juin 1939, à quatre heures trente-deux,
soit deux ans après son entrée en France.
Un article de journal signé Colette est titré "L'homme
qui n'aimait pas les hommes et qui aimait les roses".
E. Castaing
« Weidmann vous apparut dans une édition de
cinq heures, la tête emmaillotée de bandelettes blanches, religieuse et
encore aviateur blessé, tombé dans les seigles, un jour de septembre pareil
à celui où fut connu le nom de Notre-Dame-des-Fleurs. Son beau visage
multiplié par les linotypes s'abattit sur Paris et sur la France, au plus
profond des villages perdus, dans les châteaux et les chaumières, révélant
aux bourgeois attristés que leur vie quotidienne est frôlée d'assassins
enchanteurs, élevés sournoisement jusqu'à leur sommeil qu'ils vont
traverser, par quelque escalier d'office qui, complice pour eux, n'a pas
grincé. Sous son image, éclataient d'aurore ses crimes : meurtre 1, meurtre
2, meurtre 3 et jusqu'à six, disaient sa gloire secrète et préparaient sa
gloire future. » (Jean Genet).
Au pli de leur Prince-de-Galles...
Non d'un tweed clair à fine rayures croisées noires
imaginé par Charles Redfern et utlisé par les tailleurs
pour hommes. Mis à la mode en 1880 par le prince héritier
britannique, futur Edouard VII, il est devenu par la suite le
symbole d'une élégance un peu trop voyante.
Finir en beauté
aux mains de Défourneaux...
Henri-Jules Défourneaux, le nom du bourreau de la République,
et cela à partir de mars 1939, date à laquelle
il succède à son beau-père Anatole Deibler.
Dernier d'une dynastie, il pratiquera sur Eugene Weidmann la
dernière execution publique, à Versailles, le 17
Juin 1939.
Genet dans sa cellote...
On sait la fascination qu'exerça Weidmann sur Jean Genet,
alors détenu à la prison de la Santé. Il
découpe son visage enveloppé de linge ensanglanté,
paru dans Détective, l'accroche au mur de sa "cellote"
et s'en sert pour alimenter la fantasmatique de son Notre-Dame
des Fleurs.
Une danseuse nue...
Allusion à la danseuse américaine Jean de Koven,
l'une des victimes de "l'un des monstres les lus effroyables
de l'histoire judiciaire, un être intelligent et même
sensible" comme l'écrit alors Match, "et qui
pourtant, a tué six fois, dans des conditions horribles,
froidement, lâchement, comme il aurait fait un métier".
Entre la marroniers
du boulevard Arago...
Là ou avaient leiu les exécutions capitales publiques,
au coin de la rue de la Santé. On se souvient que LAdy
Beltham y fait louer une fenêtre pour assister à
l'execution de son Fantômas d'amant.
Trempe un mouchoir
dans le sang...
Les excès fétichistes de quelques individus - également
rapelés par Claude Chabrol dans ses "Bonnes Femmes"
- seront à l'origine de la cessation des exécutions
publiques après celle d'Eugene Weidmann.
François Kantorowicz/Programme
du spectacle.
Lettre à Me Jardin Birnis,
avocate de Weidman
Je
n'ai pas l'honneur de vous connaître et le sentiment qui
me porte à vous écrire est de ceux dont on réserve
l'expression à un petit nombre d'amis ... Je n'ai aucune
prévention romantique en faveur des assassins. Mais il
me semble que, passé un certain degré dans l'horreur,
le crime se rapproche de l'extrême misère, aussi
incompréhensible, aussi mystérieux qu'elle. L'un
et l'autre mettent une créature humaine hors et comme
au-delà de la vie.
J'ignore tout du misérable que vous assistez. Mais il
est impossible de regarder sans une espèce de terreur
religieuse les admirables photographies de Paris-Soir, particulièrement
celle du mardi 14, qui est, entre deux braves têtes de
gendarmes quelconques, l'image même de la solitude, d'un
surnaturel abandon ... Qu'un enfant ait pu venir au monde avec
ce signe invisible déjà écrit sur son front,
cela doit fournir le prétexte à beaucoup d'ingénieuses
hypothèses de la part des psychologues et des moralistes.-
Je ne suis pas psychologue et encore moins moraliste, étant
chrétien. Une telle pensée n'éveille en
moi que le sentiment déchirant, déchirant jusqu'à
l'angoisse, et au-delà de l'angoisse, déchirant
d'une espérance à peine concevable : la solidarité
de tous les hommes dans le Christ. C'est à vous, Madame,
que je remets le soin d'exprimer ou de taire à Eugène
Weidmann ma pensée et celles de mes amis moines.
Je voudrais qu'il fût capable de comprendre que des religieux
dans leur solitude, font mieux que le plaindre, prennent fraternellement
désormais une part de son épouvantable fardeau.
Georges
BERNANOS
Comme les queues
gluantes du roi des rats.
Un roi de rats est un regroupement de rats dont les queues sont entrelacées
les unes aux autres, souvent prises dans une gangue composée de paille,
d'excréments et de poils. C'est un phénomène rare, dont la réalité est
contestée. Cette expression d'origine allemande (Rattenkönig)
viendrait d'une légende selon laquelle le roi des rats aurait utilisé cet
assemblage comme plate-forme.Un spécimen datant de 1828 se compose de 32 rats, le plus
petit roi ne comprend que deux rats. Hormis un cas signalé à Java, les rois
de rats sont toujours formés par des rats noirs (Rattus rattus). Le
phénomène a été présenté dans une monographie en 1864 par les zoologistes
allemands Kurt Becker et Heinrich Kemper.
Pistes:
"A l'"intran" selon l'usage" : référence
au journal "L'Intransigeant".
Le
plus beau vers : "mêlés à des lambeaux
de bas indémaillables."
Pierre Philippe se serait
inspiré de Jacques Prévert pour Qui crie? ("Les bruit de la nuit") et pour La
machine a souffrir ("Elle disait"). Textes que Jean Guidoni interprétera en
2008 dans son album "Jean Guidoni chante Jacques Prévert" |